Souvenirs d’ombre et lumière
--Memories of shadow and light--
photographies de Steve Meltzer
Je suis blasé, fatigué de mes photographies, épuisé
par ces moments décisifs, leurs couleurs vives et leur insistance sur la
vérité. Leurs détails, et leurs respects méticuleux du monde réel émoussent mon
imagination, tel un rasoir qui tranche à travers mes yeux. Tout… a été révélé
et rien.
Photographies à la recherche de la perfection - nus gracieux, insectes monstrueux, palmiers, plages, visages étrangers, champs de fleurs, couchers de soleil et jeux d’enfants - ont toutes été des clichés bien avant mes prises de vue. Les «idées reçues» du visuel ont simplement servi à renforcer les attentes et les croyances des spectateurs sur un univers reconnu de la «beauté».
L’ennui qui m'a poussé à me risquer, à rompre avec mes méthodes établies et mes longues habitudes m’a fait réaliser ces images. Pour cela j’ai utilisé une lentille trou d’épingle (sans verre) sur mon appareil numérique. Cette «lentille» laisse passer la lumière à travers un minuscule trou. Non modifiée par l'optique du verre, la lumière tombe sur le sensor de l’appareil en laissant sur ces images sa signature.
En violant les règles de la netteté, de la couleur,
et de la fidélité qui sont la norme dans la photographie moderne, ces images
deviennent complexes. Elles racontent des histoires incomplètes dont le récit
est mystérieux. Elles suggèrent, mais laissent le spectateur libre de son
interprétation.
Ces souvenirs d’ombres et lumières sont des énigmes
attractives qui séduisent l'œil
et le leurrent, peut-être pour stimuler l'imagination.
I
had grown tired of my photographs, exhausted by their decisive moments, their
brilliant colors, and their insistence on “truth.” Their detail and their
meticulous adherence to the real world dulled my imagination, like a razor
slashed across my eyes. Everything was revealed and yet nothing was revealed.
Images in whose perfection--graceful nudes,
monstrous insects, palm trees, beaches, foreign faces, fields of flowers,
sunsets and children at play--were all clichés long before my shutter snapped.
Visual “received wisdom” they served to reinforce the viewers’ expectations and
beliefs about a knowable universe of “beauty.”
Ennui
drove me to risk, to break with long established methods and habits. I made
these images with a glassless “pinhole lens” on my camera. The “lens” passes
light unmodified onto the camera sensor leaving these images as its signature.
By violating the rules of the norm --sharpness, color and fidelity--these images become difficult. They are
incomplete stories whose narratives are mysterious. They suggest but do not
indicate. They are memories of light and shadow, enigmas that seduce
the eye and luring it in perhaps stir the imagination.