Saturday, May 25, 2013

Souvenirs d’ombre et lumière


Souvenirs d’ombre et lumière 

--Memories of shadow and light--

 photographies de Steve Meltzer 
Je suis blasé, fatigué de mes photographies, épuisé par ces moments décisifs, leurs couleurs vives et leur insistance sur la vérité. Leurs détails, et leurs respects méticuleux du monde réel émoussent mon imagination, tel un rasoir qui tranche à travers mes yeux. Tout… a été révélé et rien.

Photographies à la recherche de la perfection - nus gracieux, insectes monstrueux, palmiers, plages, visages étrangers, champs de fleurs, couchers de soleil et jeux d’enfants  - ont toutes été des clichés bien avant mes prises de vue. Les «idées reçues» du visuel ont simplement servi à renforcer les attentes et les croyances des spectateurs sur un univers reconnu de la «beauté».

L’ennui qui m'a poussé à me risquer, à rompre avec mes méthodes établies et mes longues habitudes m’a fait réaliser ces images. Pour cela j’ai utilisé une lentille trou d’épingle (sans verre) sur mon appareil numérique. Cette «lentille» laisse passer la lumière à travers un minuscule trou. Non modifiée par l'optique du verre, la lumière tombe sur le sensor de l’appareil en laissant sur ces images sa signature.

En violant les règles de la netteté, de la couleur, et de la fidélité qui sont la norme dans la photographie moderne, ces images deviennent complexes. Elles racontent des histoires incomplètes dont le récit est mystérieux. Elles suggèrent, mais laissent le spectateur libre de son interprétation.

Ces souvenirs d’ombres et lumières sont des énigmes attractives qui séduisent l'œil et le leurrent, peut-être pour stimuler l'imagination.

I had grown tired of my photographs, exhausted by their decisive moments, their brilliant colors, and their insistence on “truth.” Their detail and their meticulous adherence to the real world dulled my imagination, like a razor slashed across my eyes. Everything was revealed and yet nothing was revealed.

Images in whose perfection--graceful nudes, monstrous insects, palm trees, beaches, foreign faces, fields of flowers, sunsets and children at play--were all clichés long before my shutter snapped. Visual “received wisdom” they served to reinforce the viewers’ expectations and beliefs about a knowable universe of “beauty.” 

Ennui drove me to risk, to break with long established methods and habits. I made these images with a glassless “pinhole lens” on my camera. The “lens” passes light unmodified onto the camera sensor leaving these images as its signature.

By violating the rules of the norm --sharpness, color and fidelity--these images become difficult. They are incomplete stories whose narratives are mysterious. They suggest but do not indicate. They are memories of light and shadow, enigmas that seduce the eye and luring it in perhaps stir the imagination.